http://www.courrier-picard.fr/region/amiens-pour-des-chats-en-liberte-mais-sterilises-ia167b0n830080AMIENS Pour des chats en liberté mais stérilisés
Publié le 11/08/2016
Par DIANE Jégou
Alors que les refuges animaliers sont pleins à craquer, la maîtrise des populations de chats d’Amiens est la priorité de l’association Les ChatHuttes.
Chaque année, à Amiens, entre 100 et 150 chats sont capturés et pris en charge par les bénévoles des Chathuttes. Une association fondée en décembre 2003 et dont la vocation est de protéger les chats errants. « Le meilleur moyen de les protéger, c’est de les stériliser », assure la présidente, Carole Verlinde. Un parti pris qui peut surprendre, mais que la jeune femme, et les bénévoles qui l’accompagnent, assument et argumentent : « Laisser proliférer les chats, c’est multiplier les risques de maladie, et surtout la probabilité que cela se passe mal avec les riverains. » De fait, on constate souvent des incompréhensions mutuelles, voire des conflits, entre ceux qui cherchent à chasser les chats pour éviter qu’ils deviennent trop nombreux, et ceux qui les nourrissent. Et ces deux attitudes peuvent poser problème : « Si les points de nourrissage sont sales, si les chats se reproduisent de façon anarchique, cela crée des mécontentements, résume Carole Verlinde. Si on éradique les chats, d’autres vont venir, ou bien les populations de rats risquent d’augmenter. » La stérilisation des chats des rues serait donc la seule solution pertinente, car un chat stérilisé relâché dans son quartier, ne se reproduira évidemment plus. « Un chat sauvage relâché peut vivre 12, 13 ans dehors, et y être heureux, assure la bénévole. C’est ce que nous constatons avec certains des chats que nous avons pris en charge au tout début de l’association. Nous trouvons que cela n’a pas de sens de garder enfermé pendant des mois un chat sauvage dans une maison pour le forcer à l’adoption. Nous voulons qu’il puisse y avoir des chats libres. » Dans les secteurs où l’association travaille depuis longtemps, une stabilisation, puis une baisse, de la population de chats a été observée. « Nous sommes intervenus à la cité scolaire, par exemple, deux ou trois années de suite, et y avons capturé nos derniers chatons en 2015. »
Au 31 décembre 2015, après 12 ans d’activités, Les Chathuttes avaient ainsi relâché 200 chats libres dans les rues d’Amiens, sur 1300 à 1400 chats pris en charge au total. Car tous les chats errants ne sont pas sauvages, loin de là. « La grande majorité de ceux que nous capturons sont sociables, remarque Carole Verlinde. Nous les faisons pucer et vacciner, puis nous les mettons à l’adoption. » Le procédé est le même pour les chatons issus de chattes sauvages. Les militants des Chathuttes ne se font guère d’illusion : parmi les centaines de chats sociables piégés, rares sont ceux qui sont recherchés par leurs maîtres. « Il y a beaucoup, beaucoup d’abandons, surtout l’année dernière. Notamment des chattes gestantes ou des chatons dont les propriétaires ne savent pas quoi faire. » Ces chats sont au nombre de 80 à 90 chaque année, mais tous trouvent ensuite un nouveau maître grâce aux réseaux de l’association.
Ce que dit la loi, notamment sur le piégeage des chats
Le piégeage d’animaux est une activité réglementée et les Chathuttes ne peuvent-ils pas poser leurs pièges n’importe où. « Nous n’opérons que dans certains quartiers où un arrêté municipal nous y autorise, explique Carole Verlinde. Dans les autres quartiers, c’est la fourrière qui intervient. » L’association souhaiterait prendre en charge des chats dans toute la ville, « mais pour l’instant, la municipalité ne nous autorise pas à intervenir dans les secteurs où il y a le plus de plaintes de voisinage ».
Les Chathuttes souhaitent garder secrètes leurs zones de piégeage, car savoir qu’une association pourrait prendre en charge l’animal a tendance à faire augmenter dramatiquement le nombre d’abandons.
Les chats piégés sont d’abord mis en quarantaine, puis stérilisés et pucés, et enfin proposés à l’adoption pour les chatons et adultes sociables, relâchés dans leur quartier d’origine pour les chats sauvages, après une brève convalescence. Ceux dont l’état le nécessite sont soignés. « Nous avons une convention avec un vétérinaire, qui nous permet d’obtenir la stérilisation et l’identification pour 90 euros (c’est aussi le montant de la participation demandée aux personnes adoptant un chat auprès de l’association). Pour un particulier, la stérilisation seule revient à plus de 100 € pour une femelle et 60 € pour un mâle, plus 50 € pour la pause d’une puce d’identification, qui est obligatoire. »
Il est en effet interdit de céder un animal sans qu’il soit identifié. En cas de capture d’un animal par la fourrière, son maître devra également payer pour le récupérer. « Avoir un animal est une responsabilité ; il faut savoir avant d’en prendre un que cela engendre des frais. »
Si Les Chathuttes ne proposent pas la stérilisation des chats de particuliers, Carole Verlinde précise cependant : « Le refuge de la SPA de Poulainville dispose d’un dispensaire, qui peut financer les soins vétérinaires pour les personnes dans le besoin. C’est un service rare, et ils sont très bien ! »