Depuis quelques temps, je partage, avec une jeune femme formidable, un rêve fou : Ouvrir un sanctuaire pour chats positifs.
Quelque chose de spatieux, propre, qui permettrait à nos petits pensionnaires, de couler des jours heureux, loin de l'hystérie humaine, autour de leurs maladies.
Ce projet n'est... qu'un projet ! Mais mine de rien, toutes les deux, unissons nos idées, nos impressions, notre culture et nos différences. Loin d'en faire un profit à l'une ou l'autre, une sorte de lien lumineux se crèe et ce qui paraissait farfelu, n'est plus que difficile à réaliser, mais pas irréalisable.
Chaque jour nous donne la main pour ce paradis.
Des contacts importants se crèent... bref, je ne vous raconte pas tout, ce serait long et sans doute fastidieux pour vous.
En Auvergne, être un chat positif et capturé, c'est être un petit chat mort.
Lorsque l'animal arrive au refuge, le vétérinaire anesthésie le chat, le stérilise, lui fait des soins, mais auparavant, le teste.
Si le teste se révèle positif, l'animal est alors endormi définitivement.
Mercredi dernier, en allant voir mon filleul, un petit pointer nommé Pomky, j'ai discuté avec une jeune bénévole... J'ai discuté chats, avec plein de chiens autour de moi
Le sujet a vite dévié sur le sort des chats, lorsqu'ils étaient testés positifs.
Elle a biensur confirmé, qu'ils étaient euthanasiés, me disant que malgré tout, ils en avaient peu. Le mois dernier, trois avaient été testés positifs et c'était la première fois que ça leur arrivait.
Elle semblait ne pas bien connaître ces maladies. Alors je lui ai expliqué ce qu'elles étaient, les conséquences, la transmission. Je lui ai donné mon point de vue sur l'euthanasie, sans biensur aucune agressivité.
Je lui ai aussi fait part du projet qui me tenait à coeur avec une autre personne.
La journée se termine là...
Hier, samedi, je suis retournée voir mon filleul. A peine suis je arrivée, que la présidente du refuge est venue me voir en courant.
Elle m'a parlé de ce que la jeune femme lui avait raconté à mon sujet (j'en avais fait trop nan ? Je sentais les embrouilles pointer leur nez
) et qu'elle souhaitait s'entretenir avec moi.
En résumé, elle m'a demandé où en était le projet. J'ai dit la vérité : pas de terrain, pas un flèche mais plein d'idées.
J'ai pensé qu'elle allait me prendre pour une grosse marrante, mais non... Elle m'a posé des tas de questions.
Je lui ai donc raconté, avec mes moyens, comment les choses pouvaient se dérouler.
Elle a trouvé cette idée... géniale et là, le truc qui tue arrive (ben oui, sinon c'est pas drôle)
Elle m'emmène dans un petit enclos, avec un mini chalet en bois et à l'intérieur, se trouve un petit chat un peu caramel, roux et blanc (ça ne vous dit rien ?) avec des poils angoras, un regard bleu, qui se posait dans le mien, comme une rivière de peur et de tristesse.
Elle m'a dit qu'il était positif à la leucose et au sida (tant qu'à faire...) et que ce matin, elle avait demandé au vétérinaire de ne pas l'euthanasier tant qu'elle n'avait pas pris contact avec moi.
Vous savez ce qu'on ressent à ce moment là ? on ressent la vie de l'animal qui vous pénètre. Parce que vous avez prononcé une seule parole, un animal vit aujourd'hui... Et en même temps on se dit "merde... dans quelle galère je suis allée me mettre ?!".
Je me suis assise à côté de lui... Il me regardait en coin, apeuré... et je lui ai parlé :
"T'as vu la galère dans laquelle on est tous les deux ? On a l'air fin, maintenant, tiens. En plus, ton regard... Qu'est ce qu'on va faire ?"
Le petit père m'a regardé de face... Ses yeux implorants ont été un véritable coup de poignard dans mon coeur.
La présidente du refuge me dit qu'elle peut le garder, deux mois, pour le retester, au cas où il rejeterait sa leucose.
Je lève les yeux plein d'espoirs. Deux mois ? 60 jours pour trouver une solution pour lui ? (en priant que d'autres copains ne rappliquent pas en courant).
Un petit enclos vide... qui pourrait être, comme le dit mon amie, un sas avant le sanctuaire. J'en recherchais un... et si ?
La présidente me regarde un peu inquiète :
- Vous pensez que vous pourrez nous aider ?
Un dernier regard sur la beauté caramel qui ne m'a pas quittée des yeux et je réponds :
- Oui, je vais vous aider. Ca vaut le coup d'essayer.
Je prends congé du petit chat, sans arriver à arracher mon regard du sien :
- On va y arriver, mon pote. Je ne sais pas comment, mais on va y arriver.
La présidente du refuge a montré un réel enthousiasme à ce sauvetage... Je pense qu'elle serait prête à nous aider, à nous appuyer auprès de la fondation BB, qui l'a déjà aidée.
Une amie à moi, d'ailleurs, connait une amie qui connait en personne BB (ouais, ça vous flingue, hein, que je connaisse du monde qui connait du monde qui connait BB ? ) et qui lui remettra en main propre notre dossier.
Me voilà donc avec un chat avec le regard de Soleil (j'ai baptisé le petit roux et blanc comme ça), mais dans un enclos prêté gracieusement par ce refuge qui a toujours rêvé de ne plus avoir à euthanasier les petits positifs.
Je ne sais pas comment se déroulera la suite. Je sais juste déjà que Soleil deuxième du nom m'a offert son regard douloureux, en guise de motivation pour ce combat contre l'euthanasie abusive des petits positifs.
Mercredi, j'irais avec mon numérique le photographier... Après ça, même si vous le pensez maintenant, en le matérialisant par l'image, vous me direz si vous, aussi, vous n'auriez pas plongé tête baissée