Pourtant, je n’aime pas les personnes qui téléphonent dans le train. Alors pourquoi ce soir ai-je gardé mon téléphone avec moi pendant mon retour ? Quand j’ai vu que c’était Maman, je crois bien que j’ai su.
Tu étais déjà malade depuis de longs mois mon Amour. Mais depuis le week-end dernier, c’était pire. Ces incontinences à répétitions depuis samedi. Et mercredi, cet abcès qui te défigurait.
Mon Cœur, tu es parti, emmené par cette putain de maladie qui a déjà pris Jimmy, Caramel, Peanuts, et tant d’autres… Cette putain de maladie qui m’enlèvera un jour mon Midou et mon Réglisse…
Mon Cœur, quand je t’ai dis au revoir après Noël, que j’ai plongé mes yeux dans tes beaux yeux bleus, que j’ai plongé mon nez dans tes poils, je ne savais pas que c’était la dernière fois que je te voyais. Pardon. Je te savais malade mon Amour, mais je ne te savais pas mortel.
Mon Cœur, je n’oublierai jamais ces moments rien qu’à nous quand je rentrais du lycée, quand tu traversais toute la maison en miaulant, que tu me rejoignais dans ma chambre où je travaillais, que tu te posais au pied du lit, en regardant tour à tour le lit et moi, me faisant bien comprendre qu’il était trop tôt pour les devoirs, qu’il fallait avant que je te fasse un câlin. Tu m’as fait ce cinéma tous les jours pendant 3 ans, et j’ai craqué à chaque fois.
Mon Cœur, je n’oublierai jamais ces crises de jalousie, quand je t’ai ramené Chaussette, puis Midou… tu te sauvais en me voyant avec lui, mais lorsque je l’avais enfermé dans ma chambre, tu revenais vers moi et tu te blottissais au creux de mes bras, en me lançant ton beau regard : « dis, il y en a un autre, mais tu m’aimes toujours, hein ?»
Bien sur mon Amour que je t’aime toujours. Je t’aime pour toujours.
J’aurais aimé montrer aux gens comme tu étais beau, mais je n’ai retrouvé que cette photo, sur laquelle tu portes déjà le masque de la maladie. J’en trouverai une belle la prochaine fois que j’irai chez Papa et Maman et je l’encadrerai, mon Amour, pour t’avoir toujours avec moi.
Ne t’inquiète pas mon Cœur, dans mes souvenirs, tu es le plus beau, avec tes beaux yeux bleus, ton épis permanant sur le haut de la tête, et ton sale caractère de croisé siamois.
Ce soir, tu as aidé Maman à prendre cette décision mon Amour. Elle pleurait tu sais quand elle te tenait dans ses bras, quand elle t’embrassait tendrement en te disant que bientôt tu ne souffrirais plus. Tu es parti le regard apaisé. Tu auras souffert le moins possible, et maintenant tu es heureux pour toujours.
Embrasse bien fort Filou, Rouki et Gulliver mon Amour. Dis leur que je pense à vous tous les jours, que vous me manquez et que je vous aime de toute mon âme.
Adieu mon Spoony, adieu mon Amour. Nous sommes cinq à te pleurer ce soir.